Électricité: le gouvernement valide la stratégie d’EDF sur les contrats de long terme

Publié le 04 Sep 2023 à 05:55, par Matthieu Pechberty

Le conseil d’administration du groupe se réunit dans deux semaines pour plancher sur son projet d’entreprise. Le gouvernement soutient l’instauration de contrats pluriannuels pour garantir une stabilité des prix aux entreprises.

C’est une avancée importante pour le PDG d’EDF. Depuis trois mois, Luc Rémont cherche à imposer un nouvel axe majeur de sa stratégie. Il propose d’instaurer dans les nouvelles règles de marché des contrats de long terme, de 5 ou 10 ans, qu’EDF pourrait signer avec ses grands clients, qu’ils soient fournisseurs, comme TotalEnergies ou Engie, ou des grandes entreprises comme la SNCF qui dépense un milliard d’euros par an en électricité.

Ces nouveaux contrats doivent être commercialisés dans quelques semaines et seront au cœur des discussions du prochain conseil d’administration d’EDF, lundi 20 septembre, qui doit plancher sur le nouveau projet d’entreprise du groupe.

 

Luc Rémont soutenu par Agnès Pannier-Runacher

Il s’agit avant tout d’assurer à EDF une rentabilité alors que l'électricien a perdu 18 milliards d’euros en 2022. L’objectif de Luc Rémont est triple. D’abord éviter de subir la volatilité des prix de marché de l’électricité. Ensuite, remplacer le cadre actuel, l’ARENH, qui s’arrêtera fin 2025. L’accès régulé au nucléaire historique est un guichet de vente d’électricité nucléaire à destination des concurrents comme TotalEnergies ou Engie. Enfin, ces contrats permettraient à EDF de fixer lui-même ses prix.

La semaine dernière, Luc Rémont a reçu un soutien de poids, celui de la ministre de la Transition énergétique. Lors de la Rencontre des entrepreneurs de France, Agnès Pannier-Runacher a repris à son compte la proposition du PDG d’EDF.

"Je veux que les contrats sur lesquels travaillent les acteurs prennent plus de profondeur. On n’a pas besoin de loi pour cela, c’est aussi une autre façon de commercialiser notre énergie", a-t-elle déclaré, entouré des PDG d’EDF et de TotalEnergies.

Luc Rémont opinait du chef, ravi de recevoir le feu vert de sa ministre de tutelle.

De "bons prix" dans cinq ans

Toutefois, le cabinet de la ministre joue la prudence. "Les discussions se poursuivent et la ministre ne privilégie pas un modèle de régulation plus qu’un autre", estime son entourage. Dit autrement, les contrats de long terme ne deviendront pas la base du nouveau cadre règlementaire mais seront une alternative au marché. EDF et le gouvernement discutent aussi de l’instauration de prix plancher et prix plafond pour vendre son électricité nucléaire. Agnès Pannier-Runacher a rappelé qu’elle souhaitait "protéger nos entreprises contre la volatilité des prix".

Luc Rémont a répondu qu’à horizon 5 ans, 2027-2028, il pouvait proposer à ses clients de "bons prix", plus bas que ceux actuels. Lors des résultats annuels d’EDF, en début d’année, le PDG du groupe avait expliqué avoir signé, avec une entreprise, un contrat à un prix de 90 euros/megawattheures sur plusieurs années alors que les prix restent autour de 150 euros.

Car cette année encore, EDF subit une faible production de ses centrales nucléaires qui ne devrait pas remonter avant 2025. Six à sept centrales par an connaîtront des maintenances longues pour prolonger de dix ans leur durée d’exploitation. Le PDG compte surtout sur le démarrage de l’EPR de Flamanville qui devrait tourner à pleine puissance à partir de 2025.

 

Matthieu Pechberty
Journaliste BFM Business


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