Electricité : les difficultés d'EDF à rallumer ses réacteurs maintiennent la pression pour cet hiver

Publié le 19 Oct 2022 à 11:55, par Sharon Wajsbrot

La météo clémente, la baisse de la consommation et les réserves de gaz favorables écartent le risque de coupure de courant à court terme. Le manque de production nucléaire laisse toutefois planer beaucoup d'incertitudes pour le reste de l'hiver.

Le manque de production nucléaire laisse planer beaucoup d'incertitudes pour le reste de l'hiver. (Laurent Cipriani/AP/SIPA)

Aura-t-on de l'électricité cet hiver ? Sur le front de la sécurité d'approvisionnement des Français, il y a plusieurs bonnes nouvelles et une grosse incertitude. Voilà, en substance, le message adressé par le gestionnaire du réseau électrique RTE qui faisait le point ce mardi sur les risques de coupures de courant dans les toutes prochaines semaines.

La première bonne nouvelle réside dans la météo très clémente actuellement. Avec des températures très largement au-dessus des moyennes de saison, les réserves de gaz sont préservées, la consommation du chauffage électrique réduite et les risques de coupures de courant limitées. Or, cette « vague de chaleur » pourrait se prolonger. « L'apparition d'une vague de froid est peu probable d'ici à mi-novembre », estime Jean-Paul Roubin, directeur exécutif clients, marchés et exploitation chez RTE.

Baisse de la consommation industrielle

L'autre bonne nouvelle réside dans la baisse de consommation d'électricité. Celle-ci était déjà avérée pour le gaz compte tenu de la flambée des prix et, selon RTE, elle devient aussi manifeste pour l'électricité.

« Le phénomène baissier touche en premier lieu l'industrie (-8 à -9 % pour les grands sites industriels raccordés au réseau public de transport). Il s'explique par le ralentissement économique observé en Europe », indique RTE.

Au total, hors impact météo, la consommation française d'électricité a reculé de l'ordre de 3 à 4 % au cours du mois de septembre. A cela doit venir s'ajouter dans les prochaines semaines, les effets du plan sobriété du gouvernement, espère RTE, puisque ce dernier n'a été publié que début octobre.

Des reports de démarrage de réacteurs en série

Enfin, les réserves d'eau des barrages et les stocks de gaz désormais pleins à 98 % sont favorables. « La gestion prudente des stocks d'eau nous permet de revenir dans des standards de production similaires au tunnel des dernières années, en dépit de la sécheresse », indique Thomas Veyrenc, directeur exécutif stratégie, prospective et évaluation chez RTE.

Dans ce contexte, RTE estime que son signal Ecowatt rouge - signe que les coupures de courant sont possibles - ne devrait pas être activé au cours des quatre prochaines semaines. C'est-à-dire jusqu'à mi-novembre.

Et au-delà ? Beaucoup d'incertitudes demeurent. La météo mais surtout le niveau de disponibilité des réacteurs d'EDF, qui constitue la pierre angulaire de la production électrique nationale. Historiquement faible cette année, la production estimée d'ici début novembre a, en outre, été revue à la baisse avec le report successif des dates de démarrage d'une dizaine de réacteurs depuis début septembre.

Des « conséquences lourdes » si les grèves perdurent

Certes, les travaux de réparation des réacteurs qui ont fait l'objet de découpes de tuyauteries se passent bien - EDF les a achevés sur les réacteurs de Chinon B3, Bugey 4, Cattenom 4 et Civaux 1 (l'un des plus touché par le phénomène de corrosion) -, mais les grèves retardent chaque jour un peu plus le calendrier de production d'EDF.

« Plusieurs réacteurs dont la maintenance est achevée ou en voie de l'être voient leurs procédures de redémarrage repoussées. Pour d'autres la maintenance est interrompue. […] Une partie de ces retards ne pourra pas être rattrapée », met en garde RTE, qui estime qu'une « prolongation du mouvement social aurait des conséquences lourdes » sur l'approvisionnement en électricité au « coeur de l'hiver ».

Le creux de la vague vis-à-vis de la disponibilité des réacteurs d'EDF est attendu d'ici à mi-novembre. Après, il faudra absolument engager le retour des réacteurs annoncés, estime RTE.

 


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