La lutte contre la hausse des tarifs de l'électricité sur les marchés ne passera pas par le relèvement du plafond de l'Accès régulé à l'électricité nucléaire historique (Arenh) d'EDF. Ce « n'est pas une solution envisageable », a déclaré, mercredi après-midi au Sénat, la secrétaire d'Etat à la Biodiversité, Bérangère Abba, en réponse à une question de Patrick Chauvet (UC).

L'Arenh permet aux fournisseurs alternatifs d'acheter de l'électricité nucléaire produite par EDF à un prix fixe de 42 euros le mégawattheure (€/MWH). Un tarif très compétitif alors que le marché à terme (livrable à 12 mois) culminait mercredi soir, à 107,90 €/MWH. Seulement les quotas sont limités, par la loi, à 100 térawattheures (TWH). Le texte permet toutefois au gouvernement, par décret, de les augmenter à 150 TWH afin de satisfaire une demande des fournisseurs alternatifs plus large.
Industriels et particuliers concernés

L'Union des industries utilisatrices d'énergie (Uniden) avait réclamé, dès le 9 septembre lorsque le marché de gros de l'électricité avait franchi la barre des 100 euros, le relèvement de ce plafond. Les contrats d'électricités de ses membres, des industriels électro-intensifs, sont en effet indexés en moyenne à hauteur de 30 % sur les prix de marché. Les 70 % restants étant liés aux contrats Arenh.

L'association de consommateur UFC-Que Choisir avait formulé la même demande, le 17 septembre, craignant une forte hausse de la facture des Français début 2022. L'association demandait au gouvernement de « faire primer le pouvoir d'achat des consommateurs sur les intérêts mercantiles d'EDF ».
Des « signaux en ce sens »

Une solution écartée par les pouvoirs publics. Plus que l'opposition d'EDF qui considère que la vente de « son » électricité nucléaire à un prix très compétitif constitue une forme de subvention en faveur de ses concurrents qui n'hésitent pas à se fournir sur le marché de gros quand les cours sont inférieurs à ceux de l'Arenh, Bérangère Abba fait savoir qu'« une décision unilatérale présenterait des risques juridiques qui sont trop importants à court terme et qui rendraient cette décision inopérante ».

Ce rejet ne surprend pas l'Uniden qui explique « avoir reçu des signaux allant dans ce sens » depuis plusieurs jours. « Un relèvement de l'Arenh nécessiterait d'une part l'aval de Bruxelles [ opposé depuis longtemps déjà au mécanisme même de l'Accès régulé, NDLR]. Et d'autre part, cela impliquerait de relever le prix des contrats, provoquant un effet inflationniste que le gouvernement veut éviter », explique l'Uniden aux « Echos ».
Contrats long terme

Conscients de cela, les industriels souhaitent dès lors pouvoir « se mettre autour d'une table » avec le gouvernement afin de négocier d'éventuels contrats d'achat d'électricité à long terme. « Comme cela avait été fait en 2005 », ajoute l'Uniden, débouchant sur la création du contrat Exeltium.

« Nous étudions des solutions complémentaires pour limiter, tout en restant dans le cadre légal, cette hausse des prix de l'électricité », a ajouté de son côté Bérangère Abba. Pour l'heure, le gouvernement s'est dit prêt à faire un geste sur le chèque énergie, considéré comme un instrument « juste » et « efficace ». Celui-ci ne bénéficie toutefois qu'aux ménages les moins aisés et pas aux industriels.